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Créée et écrite par Léa Chamboncel, Camille Dumat, Clothilde Le Coz et Amandine Richaud-Crambes, cette newsletter bimensuelle vous propose un regard féministe sur la politique !

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Par Popol Media
31 oct. · 11 mn à lire
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La première élection présidentielle dans un pays où l’IVG a été déconstitutionnalisée…

La question de l’accès à l’avortement a pris une tournure tout particulière en juin 2022 lorsque la Cour surprême des États-Unis est revenue sur la décision de 1973, Roe v. Wade, qui attribuait une valeur constitutionnelle au droit à l’avortement. Aussi, depuis 2022, les États peuvent décider, de manière individuelle, d’autoriser ou non l’accès à l’interruption volontaire de grossesse. 

Un peu plus de deux ans après, on constate aujourd’hui que l’avortement est totalement interdit dans 13 États et que de nombreux autres États prévoient un accès très restreint à l’IVG comme c’est le cas notamment en Floride ou en Caroline du Sud. Les conséquences de cette déconstitutionnalisation sont désastreuses : au Texas, le taux de mortalité maternel a augmenté de 56% entre 2019 et 2022, le taux de mortalité infantile a également augmenté sur l’ensemble du territoire, etc.  

Près d’un demi siècle après la décision de la Cour suprême qui avait attribué une valeur constitutionnelle au droit à l’IVG, il est difficile de concevoir qu’un tel retour en arrière ait pu avoir lieu, au point où cette question est devenue décisive pour de nombreux·ses électeur·ices. Car en effet, il s’agit de la première élection présidentielle qui a lieu depuis la déconstitutionnalisation. 

La question de l’accès à l’avortement s’est ainsi imposée comme l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle actuelle. Alors que Kamala Harris a décidé de faire de la protection de ce droit un point fort de son programme, Donald Trump se voit challengé par l’électorat du parti républicain qui est assez divisé sur cette question. Plus globalement, les enquêtes d’opinion montrent que la majeure partie de la population états-unienne est favorable à la légalisation de l’IVG. Malgré cela, la généralisation de son accès sur l’ensemble du territoire est loin d’être acquise, que ce soit d’un point de vue tant politique qu’institutionnel. 

En effet, en l’état actuel - et vue la composition de la Cour suprême - il est assez peu probable que ses juges reviennent sur la déconstitutionnalisation. Par ailleurs, côté politique, il faudrait qu’une loi fédérale qui garantirait l’accès à l’avortement sur l’ensemble du territoire soit votée par le congrès. Or, d’une part sa composition actuelle ne le permettrait pas, et d’autre part, d’un point de vue purement légistique, il n’est pas certain que le congrès ait les compétences pour voter une telle mesure… En revanche, le législateur fédéral peut voter des lois qui faciliterait l’accès à l’avortement en allouant, notamment, des aides financières. 

Car au-delà des aspects légaux, il y a aussi la réalité de terrain et l’accès concret à l’IVG, puisque même dans des États où elle est autorisée, beaucoup de personnes ont des difficultés à pouvoir y recourir matériellement. Les cliniques sont débordées, les personnes sont intimidées par les anti-IVG, les coûts des interventions sont parfois très élevés (jusqu’à 25 000 dollars) et rarement remboursées… 

Vous l’aurez compris, il semble difficile d’imaginer que l’accès à l’avortement soit à nouveau protégé à court ou moyen terme aux États-Unis, bien que la majorité de la population y soit favorable. Alors que ce thème est central - à juste titre - dans cette campagne présidentielle, la lutte se joue en réalité essentiellement sur le terrain où associations et militant·es s'organisent au quotidien pour faciliter l’accès à l’IVG. 


The gender gap : les hommes et les femmes, pas le même combat

Dans un article publié cette semaine, The Guardian explorait une hypothèse aussi provocatrice que parlante : si on interdisait aux femmes de voter, Trump serait élu haut la main et de la même manière si l’on excluait les hommes de l’équation démocratique, Kamala Harris serait face à un raz de marée électoral. Jamais le fossé, le « gap » qui sépare le vote des hommes et celui des femmes n’a été aussi important. Les chiffres sont même assez ahurissants. Au sein de l’électorat trumpiste, l’écart est de 12 points. Soit 40% des femmes contre 52% des hommes. Chez Kamala, l’écart est de 21 points, avec 58% des femmes contre 37% des hommes. Le tout additionné donne un écart de 33 points. 

Le « gender gap », c’est-à-dire la différenciation de vote entre les hommes et les femmes, a longtemps été un fait notoire en politique et ce des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis comme en France, les femmes sont moins enclines à voter pour les droites populistes que les hommes. Pour la chercheuse Nona Mayer, cet état de fait serait lié à la différence de statut socio-professionnel entre les hommes et les femmes, ces dernières étant moins impactées par un sentiment de déclassement et donc moins enclines à voir dans les immigrés une menace. Si l’on ajoute à cela, la diffusion des combats féministes, les femmes sont en effet réticentes à cautionner des propos outranciers ou des points de programme qui impacteraient directement leur quotidien.

On a cependant observé lors des Européennes de juin 2024 en France un inquiétant recul du gender gap en France. Lors des élections présidentielles de 1995, le gender gap était de 7 points. Entre les élections européennes de 2019 et celle de 2024, le RN a gagné plus de 10 points auprès des femmes et 31% des électeur·ices RN sont maintenant des femmes. La faute à Jordan Bardella qui a su séduire un électorat jeune et féminin mais aussi à Marine Le Pen qui n’a pas hésité à se revendiquer du féminisme, quand bien même, il n’aurait rien de vraiment inclusif… 

Le gouffre qui sépare les femmes et les hommes aux Etats-Unis est aussi spectaculaire que facile à analyser. Les outrances de Trump, qui se vantait d’attraper les femmes « par la chatte » et de son nouveau colistier, JD Vance, pas en reste de métaphore féline lui aussi, avec sa tirade sur les « crazy cat ladies », sont assez difficiles à ignorer. Si l’on ajoute à cela l’annulation par la Cour Suprême en juin 2022 de l’arrêt Roe vs Wade qui autorisait l’avortement depuis 1973, les Américaines sont non seulement ulcérées par les outrances misogynes et sexistes de Trump mais elles en ont aussi subi les effets de la pire des manières qui soit. A ceux qui prônent le « on a jamais essayé », les femmes américaines peuvent témoigner des dégâts qu’une politique d’extrême-droite est capable de causer. 

Les Américaines se sont donc massivement mobilisées pour lutter contre la politique de Trump et son possible retour à la Maison Blanche. La National Organization for women, le principal groupe féministe aux États-Unis, ont lancé le « Womenroar24 », littéralement « les femmes rugissent ». En partenariat avec l’artiste Jacqueline Von Edelberg, elles ont transformé un Ford F-150 en un outil de mobilisation. Le « pick up macho » peint en rose traverse les Etats-Unis pour convaincre les électeurs et électrices de voter et surtout, de voter Kamala Harris. Dans un article du 3 octobre 2024, le journal Le Monde a consacré un article sur la mobilisation massive des femmes noires de Géorgie en faveur de Kamala Harris, détaillant les méthodes de phoning, de porte-à-porte de l’association Georgia Stand up, afin d’identifier les électeurs et électrices potentiel.les. 

Les femmes sont donc non seulement à la pointe de la mobilisation politique et du militantisme aux États-Unis, et même si on peut s’en réjouir, les difficultés de Kamala Harris à mobiliser l’électorat masculin reste problématique tout comme une polarisation qui voit les hommes et les femmes se faire face. Les femmes vont-elles réussir à sauver la démocratie ? Réponse le mardi 5 novembre. 

To endorse or not to endorse that’s the question

Les États-Unis comptent environ 1 500 quotidiens, ce qui représente une audience d’environ 20 millions de personnes (en ligne et papier). À peine 3% de ces titres de presse s’expriment aujourd’hui quant à leur soutien politique. Pourquoi cela fait-il polémique ?

Les mots de l’ancienne rédactrice en cheffe des pages « opinions » du Los Angeles Times, Mariel Garza, sont sans appel : « Je démissionne parce que je veux qu'il soit clair que je n'accepte pas notre silence […] En ces temps dangereux, les gens honnêtes doivent se lever. C’est comme cela que je le fais »Sa décision fait suite à celle de son journal, le LA Times, de ne soutenir aucun·e candidat·e dans cette campagne présidentielle officiellement. C’est également le cas du Washington Post qui a signé un édito à ce sujet le 25 octobre pour « revenir aux sources » du journal. C’était inédit pour le journal depuis 1980 et cela lui a coûté plus de 200 000 abonné·es

Le New York Times a fait le choix d’officialiser son soutien dès le 30 septembre à Kamala Harris. Il a d’ailleurs également publié un article qui montre que la décision du propriétaire du Washington Post reste « floue » à ce jour. L’ancien rédacteur en chef du Post à déclaré à ce sujet : « Si cette décision avait été prise il y a trois ans, deux ans ou même un an, elle aurait été acceptable. C'est une décision tout à fait raisonnable. Mais elle a été prise à quelques semaines des élections, sans que le comité de rédaction du journal n'ait eu de délibération sérieuse sur le fond. La décision a clairement été prise pour d'autres raisons, et non pour des raisons de principe. ». Jeff Bezos, propriétaire d’Amazon, a racheté le Washington Post en 2013 pour 250 millions de dollars. Le NYTimes rappelle que les dirigeants de son entreprise d’aéronautique Blue Origin rencontraient Donald Trump le jour où l’édito a été publié. L’équivalent de la société des journalistes du journal a fait savoir sa crainte que la direction ait interféré avec le travail de ses membres au sein du comité de rédaction. Pour Bezos, « il s'agit d'une mauvaise planification et non d'une stratégie intentionnelle ».

En Californie, les journalistes du LA Times ont publié une lettre ouverte pour demander des explications à leur propriétaire qui, lui, s’est expliqué sur sa décision en déclarant qu’il souhaite que le journal dise les faits, peu importe le spectre politique. « Je pense que le pays en a désespérément besoin ». Cette décision a là aussi valu plusieurs milliers de désabonnements et la récupération politique de Donald Trump a été rapide : « Dans l'État d'origine de Kamala, le Los Angeles Times - le plus grand journal de l'État - a refusé de soutenir le ticket Harris-Walz, bien qu'il ait soutenu les candidats démocrates à chaque élection depuis des décennies [1] […] Même ses concitoyen.nes californiens savent qu'elle n'est pas à la hauteur de la tâche […] » , a déclaré son staff de campagne. 

Associated Press rappelle que dans les années 1800, les journaux étaient très partisans, tant dans leurs pages d'information que dans leurs éditoriaux. Même lorsque la tendance à l'impartialité des informations s'est affirmée dans les années 1900, les pages éditoriales sont restées marquées par les opinions et les deux fonctions ont été maintenues séparées.

En 2008, 92 des 100 plus grands journaux du pays ont soutenu la candidature du démocrate Barack Obama ou du républicain John McCain à l'élection présidentielle. En 2020, seuls 54 d'entre eux ont fait ce choix et cette année, ils sont encore moins (estimé à environ 45). Si les intentions affichées de souhaiter moins de polarisation de l’opinion, reste à savoir comment les décisions sont prises au sein de la presse et si elles sont entendables si proches d’une élection avec tant d’enjeux. 


[1] C’est faux. En 2010, le journal avait soutenu le candidat républicain pour le poste de Procureur

Harris ou Trump, rien ne changera vraiment pour l’environnement

Les décryptages des programmes politiques concernant l’écologie et le climat émergent tout juste alors que la course à la présidence a commencé il y a des mois. Comme si ces sujets étaient à traiter en annexe d’une plus grande ambition ou étaient une variable d’ajustement des analyses. Ce constat se retrouve dans toutes les dernières élections d’ordre mondial ; même les élections européennes, généralement favorables au portage des questions environnementales, n’ont pas fait figure d’exception cette année. Mais, les raisons américaines sont plus complexes qu’une simple question de programme.

Il n’est pas remis en question que l’élection de Trump serait une catastrophe pour la lutte contre le changement climatique, on a eu un goût amer pendant 4 ans de son climato-négationnisme. Néanmoins, si Harris gagne, il n’est pas plus sûr que cela changera la donne actuelle. Car les mécanismes d’actions américaines freineront toutes politiques ambitieuses environnementales. Ceci pour 3 raisons : une approche étatique discutable, une Cour Suprême conservatrice ou encore, la dualité entre le local et le fédéral.

Tout d’abord, il faut comprendre que l’action fédérale étasunienne de la lutte contre le changement climatique, qu’elle soit démocrate ou républicaine, s’articule en priorité autour du capitalisme énergétique. Plus que de remettre en question le consumérisme américain des ressources naturelles ou des biens, que de favoriser la sobriété et la protection, l’action politique passe par des grands plans d’investissement, ciblés essentiellement sur les énergies renouvelables ou les technologies de compensation (ex : usine de captation de carbone). Étant le second émetteur mondial de gaz à effet de serre, il est indispensable que le pays accélère sa trajectoire de décarbonation. Cependant, le grand plan climatique de Biden, approuvé dans la douleur en 2022 par le congrès américain, montre bien que même avec une majorité de gauche, la lutte climatique n’est pas une priorité. En effet, l’aile droite des démocrates est peu encline à froisser ses donateurs dont la fortune est issue des énergies fossiles et pouront continuer de faire blocage, encore plus sous Harris. C’est ce qu’il s’est passer sur la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) qui doit revitaliser le système énergétique américain en investissant dans les chaînes d’approvisionnement énergétiques américaines, la création d’emplois dans le secteur de l’énergie propre, la réduction des émissions et les économies d’énergie des consommateurs. Cependant, il faut être honnête, l’IRA doit surtout consolider la souveraineté énergétique et industrielle, conséquence de la guerre en Ukraine et plus largement de l’atmosphère belligérante mondiale. La menace de crise énergétique inquiète plus que le réchauffement climatique, problème pourtant bien plus destructeur. Cette quête de souveraineté, ajoutée à la création d’emplois, contribue à rendre la question de la transition énergétique moins partisane. À l’origine peu favorables au plan Biden, les Républicains cherchent maintenant à bénéficier de cet investissement et en faire leur étendard écologiste, car les sommes en jeu sont considérables : 370 milliards de dollars d’investissement pour cette industrie de l’énergie, encore des milliers de milliards dans le futur. Rappelons quand même, qu’aujourd’hui, les énergies fossiles demeurent largement dominantes aux États-Unis dans la production d’électricité (60 % en 2021), qui représente un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. Le pays, loin de vouloir se passer des sources d’énergie fossiles, continue de les développer : grâce aux hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste), ils sont le premier producteur mondial de pétrole. Le pays consomme d’ailleurs à lui seul 20 % du pétrole mondial. La transition énergétique du pays vers des énergies renouvelables est donc à nuancer, puisqu’elles ne représentent que 9 % de la consommation énergétique nationale [i]. Les conservateurs, républicains ou démocrates, toujours coincés dans la pétromasculinité, ont donc tout à gagner.

D’ailleurs, pour en arriver à faire passer des lois, le président américain a dû faire des concessions que lui reprochent les militants environnementaux. Joe Biden a dû soutenir le projet d’un gazoduc controversé ainsi que l’autorisation du « Willow project » qui veut forer du pétrole en Alaska et dans des réserves appartenant aux natif.ves. Ce projet débouchera sur 576 millions de barils de pétrole en 30 ans, avec des émissions de CO2 équivalant à 60 centrales à charbon par an. En d’autres mots, le plus gros projet pétrolier des États-Unis, et surtout une bombe climatique. Encore un paradoxe qui peut faire basculer l’élection. 

La Cour Suprême est l’autre grosse problématique pour avoir une vraie action climatique. En effet, cette institution essentielle dans la vie politique des Etats-Unis peut transformer le visage de la société américaine sur des préoccupations majeures, comme le droit à l’avortement, le mariage homosexuel, l’immigration ou le réchauffement climatique. On l’a vu en 2022 avec la décision mortifère sur l’accès au droit à l’IVG ou sur la réglementation des armes à feu. Bien que cette affaire n’ait pas reçu autant d’attention que d’autres avis, la politique environnementale a subi un coup fatal. En effet, la plus haute institution des Etats-Unis a fortement réduit la capacité de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) à agir pour la mise en œuvre de l’action climatique ou réguler les émissions de carbone des usines. Emplois supprimés, budgets coupés mais surtout compétences juridiques d’actions détruites. Cela s’inscrit dans un cadre général de déconstruction de l’État administratif fédéral états-unien par les conservateurs. « Le plafonnement des émissions de dioxyde de carbone à un niveau qui forcera la sortie du charbon au niveau national, pour la production d'électricité, peut être une solution sensée à la crise actuelle, a écrit le juge en chef John Roberts, dans sa décision. Mais il n'est pas plausible que le Congrès ait donné à l'EPA le pouvoir d'adopter de telles réglementations de sa propre initiative. ». Jusqu’ici, les agences fédérales, où travaillent scientifiques et experts, avaient le pouvoir de rédiger des règlements dans le cadre d’une loi générale votée par le Congrès. Or, pour les juristes conservateurs, hostiles à un pouvoir réglementaire et à un État centralisateur fort, il convient de limiter l’action des agences fédérales sur les « questions majeures » de politique publique comme l’environnement.

En 2022,l a Cour Suprême a également restreint le pouvoir des communautés amérindiennes, lanceuses d’alerte historique des destructions de la nature et de l’injustice environnementale, qui ont un rôle essentiel dans les luttes. Enfin, on peut pointer que seulement 4 femmes ont occupé un siège à la Cour suprême. Or, les femmes sont plus concernées par le changement climatique et lorsqu’elles sont à des postes de pouvoir, sont déterminantes pour accélérer la transition et favoriser sa mise en œuvre.

Ces décisions mettent en exergue des problèmes de gouvernance spécifiquement liés au fédéralisme, à des juges politisés et à un pouvoir central affaibli, au Congrès comme à la Maison Blanche. Un problème exacerbé par une vision idéologique conservatrice qui a contaminé tous les sujets, y compris le changement climatique, et la science en général. Les juges conservateurs étant majoritaires et installés encore pour de nombreuses années, la balance des avis favorables à l’environnement ne va pas changer, quelques soient les résultats de l’élection présidentielle.

En l’absence d’une politique fédérale claire et un plan bien plus large que les enjeux énergétiques, c’est au local que se passent les choses les plus intéressantes. En effet, dans le système fédéral états-unien, les fonds fédéraux sont souvent administrés en coordination avec les États. Selon la façon dont les fonds seront dépensés par les États, certaines dispositions de la loi pourraient en fait entraîner une augmentation nette de la pollution par le carbone. [ii] Cela montre clairement comment les municipalités sont des acteur incontournables de la prise en charge de la lutte contre le changement climatique. Depuis plusieurs années, quatorze villes étatsuniennes, dont New-York, San Francisco, Miami, Boston et Portland, ont rejoint Cities Climate Leadership Group (C40) qui regroupe aujourd’hui une centaine de grandes métropoles dans le monde et représente 600 millions d’habitants, 25 % du PIB mondial et 70 % des émissions de GES. Ce sont les villes qui subissent le plus les dégâts engendrés par les catastrophes naturelles, exacerbées par le changement climatique. Tempêtes et ouragans provoquant des inondations et des destructions massives dans le sud des Etats-Unis ; méga feux et sécheresse dans l’est détruisant des milliers d’hectares de nature menaçant l’agriculture ou les vies des habitants ; vague de froid intense et glacières, paralysant l’ouest américain et mettant à mal les infrastructures et les réseaux urbains. C’est donc à elles que revient la responsabilité de mettre en œuvre des solutions d’adaptation des villes et de leur économie. Le choix de leur gouvernance prend d’autant plus d’importance. 

Elliott, Deby, Milton ou Kirk auraient pu être des électeurices décisifs de la prochaine présidentielle. Cependant, les candidat.es les ont vite oubliés, comme les vies et emplois détruits à cause de leur passage. Alors si aujourd’hui, pour avoir une vraie action climatique, nous arrêtions d’attendre des Etats qu’ils fassent leur devoir et que nous nous tournions vers le local ? Car c’est à ces échelles souvent que les enjeux et les conséquences sont plus graves; choisir l’action directe. Aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, en France, les élections municipales ou locales seront au final bien plus décisives pour la société, le progressisme des droits et l’environnement, que les élections présidentielles.


[i] https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/etats-unis-espaces-de-la-puissance-espaces-en-crises/articles-scientifiques/etats-unis-changement-climatique

[ii] https://theconversation.com/climat-pourquoi-joe-biden-aura-beaucoup-de-mal-a-tenir-ses-promesses-185987


Le scrutin présidentiel aux États-Unis

Mardi prochain, les étatsunien·nes vont se rendre aux urnes pour désigner la couleur politique des “grands électeurs” des Etats fédérés. Selon la règle du winner-takes-all, « le gagnant prend tout », le ou la candidat·e qui arrive en tête remporte tous les grands électeurs de l’Etat et il en faut 270 pour être élu·e. Cette règle explique notamment pourquoi les votes dits “populaires” (nombre de voix individuelles) peut parfois être supérieur pour le ou la candidat·e qui a perdu l’élection.

Le 17 décembre prochain, les 538 “grands électeurs” vont formellement voter pour désigner le ou la prochain·e président·e. Les “grands électeurs” sont désignés par les partis ou les candidat·es.

À faire 

Soirée Banned Books & Politics 

Popol s’associe au Point éphémère, à Politis et à la librairie Un livre, une tasse de thé pour une soirée exceptionnelle pour aborder les sujets des livres interdits outre-Atlantique et de l'élection présidentielle imminente. Des extraits de ces textes seront interprétés par l’actrice Judith Godrèche au cours d'une discussion sur le sujet animée par la librairie "Un livre et une tasse de thé", accompagnée de la journaliste Jennifer Padjemi, de l’éditrice Nathalie Zberro et de la traductrice Anne-Charlotte Husson. 

Puis Léa Chamboncel explorera les enjeux de la campagne présidentielle qui oppose Kamala Harris et Donald Trump, en compagnie de la politologue et docteure en science politique Marie-Cécile Naves, de la journaliste Lindsey Tramuta et du journaliste et co-président de l’AJAR, Arno Pedram.

Réservez vite vos places ici

À écouter

Popol Doc, In Politics we trust?

La première série documentaire de Popol Media est consacrée à l’élection présidentielle aux États-Unis où Léa Chamboncel s’est rendue pour tendre son micro à celleux qui voteront bientôt ! Les deux premiers sont consacrés à la Palestine et à l’IVG. Le 3è épisode, consacré aux droits LGBTQIA+, sortira le 3 novembre.

À écouter ici !

À voir  

Graphic Design’s Influence on U.S. Election Results: A $40 Million Investment

Cette petite vidéo retrace l’histoire du marketing électoral aux États-Unis à travers le temps et montre l’importance des messages et directions artistiques sur les résultats électoraux. Très instructif ! À regarder ici

American Honey, Andrea Arnold  

Embarquez pendant 2h30 au bord d’une camionnette remplie de jeunes qui sillonnent les États-Unis dans le but de scamer les habitant·es de quartiers huppés. 

Un film magnifique qui dépeint avec justesse les vies brisées d’une jeunesse défavorisée dans un pays ravagé par les inégalités sociales. Le rôle de la protagoniste principale “Star” est merveilleusement bien interprété par Sasha Lane. Et petit détail qui ne nous a pas laissées insensibles : la BO est excellente ! À regarder sur Mubi. 

À lire 

Ailleurs chez moi, Douglas Kennedy, Belfond 

Dans ce nouveau texte, Douglas Kennedy nous livre une sorte d'autobiographie politique où ses souvenirs d'enfance rejoignent l'histoire de l'Amérique, du New York des années 60 à une virée dans les fly over states, à sa passion pour le jazz et la littérature américaine... Une pérégrination aussi touchante que passionnante qui permet de mesurer les enjeux actuels et l'ampleur de la guerre culturelle qui divise la société américaine.