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Créée et écrite par Léa Chamboncel, Camille Dumat, Clothilde Le Coz et Amandine Richaud-Crambes, cette newsletter bimensuelle vous propose un regard féministe sur la politique !

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Par Popol Media
7 mai · 9 mn à lire
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Pressions sur la liberté d'expression, situation en Iran, travail reproductif, "wokisme", etc.

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Pressions sur la liberté d’expression

La liberté d'expression octroie à tout·es le droit d'exprimer ses opinions sans risquer d'être sanctionné·e. Cette liberté est consacrée dans le droit français par la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen (DDHC), qui fait partie du bloc de constitutionnalité et elle a donc valeur constitutionnelle, au même titre que la Constitution. Il s'agit ainsi d'une liberté dite “fondamentale”. De cette liberté découlent d'autres droits et libertés telles que la liberté d'opinion, la liberté de la presse, la liberté de manifestation ou encore le droit de grève. 

Plusieurs conventions internationales garantissent la liberté d’expression, notamment la Convention européenne de sauvegarde des droits humains (CESDH) qui précise que la liberté d'expression “comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière”.  

Cette liberté, ainsi que celles qui en découlent, comportent néanmoins des limites. Ainsi, ​tout en affirmant la liberté d'expression, l'article 11 de la DDHC en pose les limites : “Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi”.  

Par ailleurs, selon la Cour européenne des droits humains, la liberté d'expression peut être limitée pour différents motifs parmi lesquels figurent : la sécurité nationale, la sûreté publique, l'intégrité du territoire, la diffamation, les discriminations, etc. 

Et il y a une autre limite à la liberté d’expression : il s’agit de l’incitation à la haine. Car oui, il est important de rappeler que l’incitation à la haine n’est pas “une opinion” contrairement à ce que certain·es semblent penser. 

À ce sujet, il y a du côté de l‘extrême droite notamment, une instrumentalisation de la liberté d’expression dont il faut se méfier. En effet, sous couvert de “défendre la liberté d’expression” certain·es n’hésitent pas à propager des discours haineux parfois LGBTphobes, sexistes, racistes, etc. Et comme “on ne peut plus rien dire”, ces derniers enchaînent les plateaux télé où iels ont leur rond de serviette et les événements pour parler de leur croisade contre les wokistes, comme ce fut le cas le week-end dernier à Perpignan… 

Et puisque l’on parle des médias, arrêtons-nous un instant sur la liberté de la presse. Depuis la loi du 29 juillet 1881, la presse bénéficie en France d'un statut spécifique qui reconnaît son rôle fondamental pour notre démocratie. Les entreprises de médias sont soumises à des règles particulières et à une régulation qui datent de 1986. Nombreuses sont les personnes qui s’accordent, à l’instar de la députée Sophie Taillé-Polian (autrice d’une proposition de loi destinée à renforcer la “liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias”), sur la nécessité de réformer ce cadre juridique qui semble désuet compte tenu, entre autres, des évolutions technologiques. 

Le pluralisme des médias est censé permettre aux citoyen·nes d’avoir le choix et d’avoir accès à différents médias, idées et opinions. Or, l’on voit bien que la concentration des médias aux mains d’une poignée de milliardaires a des effets particulièrement délétères sur la pluralité et la qualité de l’information. À ce titre, Reporters sans frontières relève dans son dernier rapport que “L’expansion du groupe Bolloré (CNews, Paris Match, Europe 1, Le Journal du Dimanche), qui a absorbé le groupe Lagardère en 2023, inquiète le secteur du fait des méthodes brutales et interventionnistes de l’actionnaire et du défaut de pluralisme interne, faisant craindre le triomphe de l’opinion sur les faits”.

En outre, les auteurices du rapport soulignent que “Si le cadre légal et réglementaire (en France - NDLR) est favorable à la liberté de la presse, les outils visant à lutter contre les conflits d’intérêts et à protéger la confidentialité des sources sont insuffisants, inadaptés et dépassés”. 

Mais au-delà de la liberté d’expression, de la liberté et du pluralisme de la presse, se cache la question du récit dominant qui est porté dans les médias et par certain·es responsables politiques. Quand le service public décide de sanctionner un humoriste alors que la justice a classé sans suite la plainte déposée à son encontre, n’est-ce pas une manière de contourner cette fameuse liberté d’expression pour ne pas heurter les tenants du récit dominant ? Quand une journaliste qui enquête sur le rôle de l’Etat français dans l’assassinat de civils en Egypte est arrêtée suite à une plainte du ministère des Affaires étrangères, n’est-ce pas une façon de contourner la liberté de la presse et le secret des sources afin de cacher un scandale d’Etat mettant à mal le récit dominant ? Quand des militant·es sont poursuivi·es pour “apologie du terrorisme”, ou qu’iels sont mis·es en garde à vue, tabassé·es et mutilé·es par les forces de l’ordre ou empêché·es de manifester, n’est-ce pas un moyen de contourner la liberté d’expression pour faire taire de force celleux qui cherchent à s’élever contre le récit dominant et l’ordre établi ? 

Face à cette répression quotidienne, comment continuer à porter nos luttes ? Comment faire circuler les idées ? Comment se parler ? Comment s’organiser ? Et comment résister ? Les réseaux sociaux et Internet de manière générale semblent parfois constituer une bonne alternative, mais là aussi il faut être vigilant·es car nous sommes dépendant·es des décisions prises par les dirigeants de ces plateformes monopolistiques qui peuvent, du jour au lendemain, changer leurs règles et invisibiliser nos contenus… À cela s’ajoute, et plus particulièrement pour les personnes socialement dominées, le cyberharcèlement qui vise à faire taire celleux qui portent un voix qui s’oppose au récit dominant comme en témoigne ce que vit actuellement notre consoeur, à laquelle nous apportons toute notre soutien, Nassira El Moaddem. 

Lorsque l’on est à la tête d'un média indépendant et féministe, ce sont des questions que l’on se pose tous les jours, avec celles liées aux enjeux financiers. Dans ce contexte, comment se maintenir et exister face aux dominants ? Hélas, je n’ai pas la réponse mais je sais que votre soutien est primordial. 

Féminismes et travail domestique

La place des femmes dans l’histoire, la place des femmes dans le cinéma, la place des femmes dans le rap, dans la littérature, la place des femmes en politique, la place des femmes dans les conseils d’administration… La quatrième vague de féminisme a beaucoup œuvré pour que les femmes puissent prendre enfin leur juste place aux côtés des hommes. Pour nombre d’entre nous, il apparaît important que les petites filles aient des roles models, que les femmes puissent, elles aussi, avoir leur part du gâteau, du succès, de l’argent, une carrière. Qu’elles soient considérées à leur juste valeur… Mais dans une société marquée par une solide alliance entre le capitalisme et le patriarcat, de telles injonctions ne sont pas sans conséquences. 

À en croire certains et certaines, le succès d’une carrière réussie pour une femme ne tiendrait qu’à une volonté farouche et à un féminisme bien chevillé au corps. Seulement voilà, si les hommes ont pu investir l’espace public, ont pu créer, construire, fonder… le tout dans un confort matériel, affectif et mental, c’est bien parce que les femmes prenaient tout le reste en charge. Le reste : l’éducation des enfants, l’entretien de la maison, l’organisation des liens sociaux, les parents vieillissants, la gestion des loisirs… Car ce ne sont, hélas, toujours pas les petits oiseaux qui nous habillent le matin ! 

Dans son article Féministes, qui fait le ménage chez vous ?  (La Déferlante), la journaliste Lucie Tourette montre que l’accession massive des femmes à de plus hautes responsabilités professionnelles ne s’est pas accompagnée d’une redéfinition des tâches domestiques : en moyenne et en France, les hommes en couple effectue 1h17 de travail domestique par jour contre 2h59 pour les femmes. Et le taux de recours à des aides domestiques rémunérées a augmenté de 2,5 point pour atteindre les 12 %. Cet état de fait pose un vrai problème féministe puisque ce faisant, on continue à favoriser un monde d’hommes. Simplement, on décale le problème du travail domestique, en le confiant à des femmes plus pauvres et plus précaires. Et de moins en moins visible dans la société. 

Bien sûr, il faut se réjouir que la figure traditionnelle de la domestique à la Downton Abbey, dévouée corps et âme à la famille, qu’on pouvait se contenter de payer à coup de vieilles robes n’existe plus. Mais on assiste aujourd’hui à une invisibilisation du travail domestique rémunéré, où des femmes, souvent racisées et dans une situation de grande vulnérabilité, travaillent parfois pour plusieurs employeurs, avec des horaires morcelés et de longs trajets, sans parfois même rencontrer ceux et celles qui les emploient. On laisse le double des clés à disposition, on envoie les instructions par whatsApp ou par SMS. Il va sans dire que l’organisation de la délégation du travail domestique familial (planning de la nounou, recommandation à la femme de ménage, lien avec les gardien·nes, négociation du tarif de la baby-sitter étudiante) est orchestrée le plus souvent par les femmes, en plus de l’agenda social de la famille. 

Cette invisibilisation et précarisation du travail domestique rend encore plus difficile l’expression des luttes et des revendications. Il n’empêche, la grève des femmes de chambre de l'Hôtel Ibis des Batignolles, ont obtenu en juin 2021, après près de deux ans de mobilisation, la revalorisation de leurs salaires. Partout, de Marseille à Saint Etienne, les travailleuses se mobilisent pour faire valoir leurs droits. 

Si l’on veut un monde réellement féministe (et pas seulement le rêver et le revendiquer), la question du travail domestique occupe une place fondamentale et nécessite le concours de toutes et tous. Toutes les femmes n’auront pas la chance de monter les marches du festival de Cannes, de devenir députées, de siéger à un conseil d’administration. Mais le travail, quel qu’il soit, pour une avocate comme pour une aide à domicile, reste un vecteur d’émancipation et d’autonomie. Il faut reconnaître la mauvaise répartition du travail domestique au sein du couple, il faut aussi revaloriser les tâches dites ménagères, remettre au centre de nos vies ce qui apparaît comme si anecdotique qu’on refuse de le voir. Le foyer est un lieu politique. Une femme puissante n’est pas juste une femme qui réussit. 

Iran : 600 jours après M.A

M.A c’est Mahsa Amini, cette femme de 22 ans morte à Téhéran le 16 septembre 2022 alors qu’elle était en détention, trois jours après avoir été violemment arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire iranien. Sa mort a été le point de départ de nombreuses manifestations à travers les pays. Plus que des phénomènes isolés, ces manifestations sont devenues le mouvement “Femmes, Vie, Liberté” demandant la fin de la théocratie islamique en Iran. La réponse des autorités a été rapide : 500 personnes sont mortes dans les manifestations – dont 69 enfants - et plus de 22 000 arrêtées. Pour Michael Page, le directeur adjoint de l’ONG Human Rights Watch pour le Moyen-Orient “pour beaucoup, la vie quotidienne en Iran aujourd’hui est une lutte constante contre un gouvernement autocratique et corrompu, qui a décidé d’utiliser tout son appareil répressif pour éliminer toute opposition”.  Bienvenue en Iran en 2024.

Nouvelle vague de répression en avril

Il est important de rappeler qu’aucune loi n’impose pas officiellement le port obligatoire du hijab en Iran. Le projet de loi proposant le hijab obligatoire n’a pas encore été approuvé par le Conseil des gardiens même s’il a été approuvé par le Parlement iranien le 20 septembre 2023, soit un an après la mort de Mahsa Amini. Aujourd’hui, le fait d’apparaître “en public sans le voile musulman” est toutefois passible d’une “peine d’emprisonnement de dix jours à deux mois”. Ce projet de loi prévoit de renforcer les sanctions contre les femmes ne portant pas le voile dans les lieux publics.

Le mois dernier, une nouvelle vague de répression s’est abattue sur les femmes suite aux déclarations du guide suprême, Ali Khamenei, qui a affirmé que le hijab était une “obligation religieuse et légale”, exhortant tous les “fonctionnaires, citoyens et promoteurs de la vertu” à s’acquitter de leur devoir en le faisant respecter. Le commandant des forces de sécurité de l’État a annoncé qu’à partir du 13 avril, la répression contre les femmes ne respectant pas le hijab obligatoire serait considérablement intensifiée dans tous les lieux publics. Les tristement célèbres patrouilles de la moralité ont donc fait leur retour dans les rues pour arrêter les femmes non voilées et des témoignages ont également fait surface selon lesquels des caméras de surveillance sont utilisées pour identifier les conductrices qui ne respectent pas ces règles. L’ONU s’en inquiète.

Menace réelle pour le régime ?

Cette nouvelle vague de répression a mis en lumière de profondes divisions au sein des ultra-conservateurs au pouvoir en Iran. En effet, les représentants de Khamenei ont reconnu que la question du hijab constituait une menace pour la sécurité du régime et pourrait potentiellement conduire à son renversement. Par ailleurs, l’impact économique se fait également sentir car des centaines d’entreprises ont été fermées de force parce qu’elles n'appliquent pas les règles sur le port du hijab. C’est également un facteur de menace pour le régime en place. Et cela s’est fait sentir dans les urnes car les récentes élections législatives de mars 2024 ont marqué un record d’abstention avec la plus faible participation pour des législatives depuis la révolution de 1979.

Le militantisme implicite

Le militantisme organisé contre les violences sexuelles et sexistes en Iran reste risqué.  Alors qu’ici nous nous efforçons de politiser les enjeux liés aux violences sexuelles et sexistes et les discriminations, le secteur universitaire iranien n’a de cesse de dépolitiser ses recherches pour les mener à bien et travailler sur le temps long. Les universitaires sont également menacé·es. Aujourd’hui, les chercheureuses utilisent souvent des cadres d'analyse individualisés et axés sur la famille pour discuter des violences. Cette approche leur permet de s'attaquer à ce problème tout en évitant les “lignes rouges”.

Le militantisme se fait implicite. Les violences sexuelles et sexistes sont un sujet souvent abordé dans la culture populaire. Si la télé iranienne, exclusivement gérée par l'État, offre une image homogène et traditionaliste des femmes, le cinéma iranien a spécifiquement montré un grand intérêt pour les questions sociales, y compris le problème des violences. Ce militantisme implicite est une forme de désobéissance que le régime essaie également de contrôler. Cela ne se manifeste pas que par le cinéma. Par exemple, le rappeur Toomaj Salehi, soutien du mouvement de contestation contre le pouvoir, a été reconnu coupable et condamné à mort pour “corruption sur terre” en raison des opinions qu’il a exprimées dans le cadre des manifestations nationales de 2022 à la suite du décès de Jina Mahsa Amini.  C’est un chef d’accusation fréquemment utilisé par le régime contre ses opposant·es. Il est également condamné à deux ans d’interdiction de quitter l’Iran et d’exercer toute activité artistique. Le chanteur Shervin Hajipour, un fervent partisan du mouvement Femme, vie, liberté  a été condamné à trois ans et huit mois de prison pour ’“activités de propagande contre la République islamique” et d’“incitation à l’émeute”. 

Les violences conjugales comme combat affiché

Fondée en 1979, la République islamique d'Iran est l'un des six États membres des Nations unies qui n'ont pas ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). Peu après sa création, le nouvel État islamique a abrogé les lois sur la protection de la famille introduites par le précédent régime Pahlavi (1925-1979), qui visaient à renforcer les droits des femmes dans des domaines tels que le divorce et la garde des enfants, entre autres. La position idéologique du régime islamique à l'égard du genre et du rôle des femmes dans la société a conduit à l'adoption de nouvelles lois s'inspirant fortement d'un courant spécifique de la jurisprudence islamique chiite. Résultat : les violences sexuelles et sexistes, en particulier les violences conjugales, ne sont que rarement signalées, malgré leur fréquence, car le soutien institutionnel aux personnes concernées est limité. 

Durant les 100 premiers jours de 2024, 50 femmes ont été tuées par un ou plusieurs hommes de leurs familles dans tout le pays. Ces cas sont documentés et sont officiellement recensés – 25% d’entre eux considérés comme “des crimes d’honneur”. Selon le journal Shargh, qui reprend les statistiques officielles de l’an dernier, elles sont au moins 165 femmes tuées de la sorte en moins de deux ans. Ici, les chiffres n’indiquent qu’une tendance et ne sauraient être exhaustifs car la violence à l'égard des femmes n'est pas reconnue par la loi dans le pays et ne bénéficie pas d'un statut juridique particulier.

Ironiquement, rappelons que pour Khamenei, le port du hijab était  dès 2018 une réponse au mouvement #metoo qui mettait fin au harcèlement des femmes.

Le “Wokisme”

Alors que le monde politique et médiatique (on sait lesquels) repart en croisade contre le “wokisme”, on revient (en vidéo, et c’est nouveau !) sur ce “concept” construit de toutes pièces pour décrédibiliser nos luttes.

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À lire 

Ce que le féminisme m’a fait, Giulia Foïs, Flammarion 

Vraisemblablement, le féminisme lui a fait du bien. Et on la comprend ! Dans ce texte, la journaliste se livre et tout y passe : ses interrogations, ses interactions, sa vie de femme, de journaliste, de mère, d’amoureuse. Grâce à ce récit, elle fait résonner ses expériences et ses réflexions et réussit l’exercice de transformer son expérience personnelle en récit plus général sur l’état de notre société. On sent que le réflexe journalistique de trouver des réponses et les documenter accompagne une réflexion plus personnelle. Un récit plein de vie, de détermination et d’optimisme avec une ligne directrice qui sert aussi de conseil : choisir ses combats pour ne pas s’épuiser. 

À écouter

Affaires sensibles : la tuerie de l’Ecole Polytechnique de Montréal, France Inter

Le 6 décembre 1989, Marc Lépine, 25 ans, s’introduit dans une salle de cours de l’École polytechnique de Montréal, armé d’une carabine semi-automatique. Il ordonne aux étudiant·es de se séparer en deux groupes : les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Après avoir fait sortir les garçons, il déclare aux neuf étudiantes restées avec lui dans la classe : “vous êtes des femmes, vous allez devenir ingénieures. Vous n’êtes toutes qu’un tas de féministes, je hais les féministes”. Au total, il assassine quatorze femmes et fait quatorze blessé·es. Au bout d’une vingtaine de minutes, il se tire une balle dans la tête. Sur lui, on retrouve une lettre-manifeste où il professe sa haine des féministes. Cet épisode revient sur cette tuerie antiféministe et le traitement médiatique qui lui est réservé à l’époque. Il donne la parole à Mélissa Blais, sociologue canadienne, spécialiste du féminisme et des violences sexistes et sexuelles et montre comment cette tuerie marque l’idéologie incel. Tant que vous y êtes, écoutez également l’épisode consacré à 1975, l’année de “la” femme, sorti le 22 mars 2022, qui en dit long sur les considérations de l’époque et rassure (un peu) sur l’évolution de certaines mentalités. 

À voir

L’homme aux mille visages, Sonia Kronlund

Inspiré d’un épisode de Les pieds sur terre, ce documentaire de Sonia Kronlund revient sur l’histoire hallucinante d’une jeune française qui a découvert que le père de son futur enfant n’était pas celui qu’il prétendait être : un médecin argentin. L’homme en question avait mille visages et autant d’identités, de femmes et d’enfants. Mythomane ? Maltraitant ? Fou ? On suit les traces de cet homme mais aussi l’histoire de toutes ces femmes dupées dans la relation qu’elles croyaient vivre. Sonia Kronlund leur offre un espace d’expression et peut-être de réparation, à en juger par la scène finale, hilarante : bien est pris qui croyait prendre ! 



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