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Femmes en campagne

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10 min ⋅ 02/05/2025

La politique est (aussi) dans le pré

Lorsque j’ai écrit mon premier ouvrage sur la place des femmes en politique, j’ai eu l’opportunité d’interviewer Edith Cresson. À l’époque elle détenait encore le titre de seule femme à avoir été première ministre en France. Lors de notre entretien, nous avons parlé ensemble du sexisme en politique, elle est aussi longuement revenue sur l’horrible traitement médiatique qui lui a été réservé pendant son passage à Matignon et elle m’a confié une chose qui m’a surprise. Quand je lui ai demandé, à elle qui avait été à la tête du gouvernement de l’un des pays considéré comme “important” sur la scène internationale, à quel moment elle avait eu le sentiment d’avoir eu du pouvoir, elle m’a répondu : jamais. Puis, après quelques secondes de réflexion, elle est revenue sur ce “jamais” pour préciser son propos “En fait si, une fois : lorsque j’étais élue locale”. 

“Élues locales”, cette expression qui désigne les femmes qui occupent des responsabilités politiques au niveau des communes, des régions, des départements, ou encore dans les intercommunalités. Elles ne sont pas nécessairement présentes dans des territoires ruraux, mais c’est d’elles dont j’aimerais vous parler dans cet article. Edith Cresson était elle élue locale dans un territoire rural puisqu’elle était maire de Thuré, une commune du Centre ouest de la France située dans la Vienne. 

En 2022, les femmes représentaient 41,5 % de l’ensemble des élu·es locaux·ales. Une progression lente mais continue, qui masque encore d’importants déséquilibres dès qu’on regarde dans le détail. Elles sont par exemple seulement 19,8 % à occuper la fonction de maire, un chiffre en hausse par rapport à 2014 (16,1 %), mais qui reste désespérément bas. Plus on monte dans la hiérarchie, plus la place des femmes se réduit : elles sont à peine 11,8 % à présider une intercommunalité, contre près de 88 % d’hommes à ces postes. On retrouve ce déséquilibre aussi dans la répartition des adjoint·es : elles représentent 33 % des premier·es adjoint·es, 42 % des deuxièmes, et 45 % des autres. Les chiffres le montrent bien : les femmes sont là, mais pas encore tout à fait là où se prennent les décisions les plus structurantes. 

Dans les communes de 1 000 habitant·es ou plus, où la parité est imposée par la loi, la proportion de femmes conseillères municipales est de 49 %. En revanche, dans les communes de moins de 1 000 habitant·es, non soumises à cette obligation, elle est de 38 %. Pour remédier à cela, il a été nécessaire de faire évoluer la loi, non sans difficulté comme vous pouvez l’imaginer. C’est grâce à un texte adopté en avril 2025 (oui, ce n’est pas une faute de frappe) que la parité s’appliquera aussi dans les communes de moins de 1000 habitant·es pour les prochaines élections municipales de 2026. Côté LR et RN, certains parlementaires ont mis en avant leur “crainte” de voir leurs partis rencontrer des difficultés à constituer des listes faute de pouvoir trouver des candidates… Lorsque les femmes ne sont pas “compétentes” pour occuper des fonctions politiques, argument préféré des sexistes - pardon je voulais dire opposants à la parité -, elles tout simplement “pas là”. Intéressant comme argument, notamment lorsque l’on sait que les femmes représentent 51,6 % de la population en France. 

Et des femmes, il en faut, surtout des féministes pour porter des mesures ambitieuses afin, entre autres, de lutter contre les violences sexuelles et sexistes en milieu rural. Une urgence quand l’on sait que 47% des féminicides sont commis dans des zones rurales. Alors n’en déplaise aux fâchés et fâcheux : oui, il faut renforcer la parité. 

Il est assez évident que tout ne sera pas réglé, même avec une nouvelle loi sur la parité. Il y aura certes plus de femmes, mais elles continueront : à être victimes de sexisme dans les instances politiques, à occuper des postes “moins importants”, à s’occuper des délégations considérées comme “féminines” (petite enfance, éducation, etc.), à se faire harceler, etc. Loin de moi l’idée de vous décourager, il en faut des femmes - surtout des féministes - en politique au niveau local, mais il est important aussi de dépeindre la réalité d’une fonction qui peut s’avérer difficile et violente, surtout pour les femmes. En effet, les femmes élues souffrent davantage d’épuisement que les hommes élus comme le relève l’étude de l’observatoire Amarok sur le burn out des maires.   

Mais s’il y a bien une chose que ces femmes élues locales incarnent, c’est une autre manière de faire de la politique. Une politique de proximité, plus concrète, souvent plus à l’écoute, et pourtant encore trop peu valorisée. Elles s’imposent dans des espaces qui, malgré la loi, malgré les chiffres en hausse, restent traversés par les mêmes réflexes de domination. Alors, à défaut d’un grand soir féministe dans les palais de la République, c’est peut-être bien dans les conseils municipaux, dans les petites salles des fêtes communales et les réunions de quartier, que se mène aujourd’hui l’un des combats les plus fondamentaux pour l’égalité : celui de la légitimité à être là, à décider, à gouverner. Et celui-là, il commence peut-être par un mandat d’élue locale comme l’a suggéré Edith Cresson ? 


Les filles de la campagne

Le 28 février dernier, Maïwene Barthélémy obtenait le César de la révélation féminine de l’année pour son rôle dans le film Vingt Dieux. Elle y joue une jeune agricultrice qui ne ménage pas sa peine et qui essaie de trouver sa place dans un monde essentiellement masculin. L’intérêt de la culture (et du monde politique) pour le monde rural ne date pas d’hier mais cette année, la fascination pour ces territoires dits « oubliés » mais où vivent tout de même plus de 30% de la population, a été plus que manifeste. Le succès de Vingt Dieux, mais aussi du film La Pampa et du magnifique documentaire, la ferme des Bertrand (lui aussi césarisé) en témoignent. Mais au-delà de la bonne vieille dichotomie bobo des villes et beaubeauf des campagnes, des descriptions misérabilistes ou au contraire totalement fantasmées et alors que le spectre de l’extrême-droite plane sur tous nos récits que savons-nous vraiment de la vie dans les campagnes et surtout, que savons-nous vraiment de la vie des femmes dans les campagnes ?

Pas grand-chose.

Dans son livre Les filles du coin, Yaëlle Amsellem-Mainguy, leur consacre son terrain d’étude et ses premiers constats sont difficiles. Les filles et femmes de la campagne bénéficient de moins d’opportunités professionnelles. Il y est plus difficile de s’y déplacer (le prix de l’essence a notamment était à la racine du mouvement des gilets jaunes dont les femmes ont été partie prenantes et actrices), et donc de faire carrière, ou de pratiquer une activité sportive, ou de se soigner (le nombre de maternité a été divisé par 3 en 40 ans et les déserts médicaux touchent particulièrement la gynécologie), ou de se faire avorter. Les femmes y occupent des emplois précaires, souvent à mi-temps dans le domaine du care et de l’aide à la personne. Pour les très jeunes filles, la faiblesse de l’offre de transport autant que de l’offre socio culturelle teintent l’enfance et l’adolescence d’une réalité particulière. Dans son enquête, Yaëlle Amsellem-Mainguy note que les jeunes femmes utilisent souvent les mêmes termes pour décrire leur environnement « c’est mort », « y a rien », « y a pas beaucoup de gens de mon âge », « c’est paumé ». Ces descriptions répondent aux stéréotypes intégrés selon lesquels la jeunesse serait un moment d’enthousiasme citadin et de boulimie de sorties et d’interactions.  

Un constat partagé par la journaliste Camille Bordenet dans son article du Monde daté du 8 février 2024 et intitulé « ces 11 millions de femmes qui « tiennent la campagne » ». Période de crise et lieu en crise, de tout temps les femmes se sont substituées au manquement des politiques et de l’Etat. Atsem dans les écoles, secrétaires de mairie, aide à domicile pour personnes âgées, ce sont en effet elles qui « tiennent la campagne ». Plus intéressant que le débat sur le « narratif rural » ou le « rural washing » ou les « bobos en Bourgogne », la journaliste dresse un état des lieux d’une politique trop souvent décidée dans les ministères, éloignée des lieux, peu souple, qui peine à faire bouger les choses, à atteindre le tissu associatif local. Les attentions portées à la ruralité depuis la crise des gilets jaunes fait le plus souvent l’impasse sur les inégalités de genre et les spécificités du féminin dans les parcours de vie. Des initiatives émergent toutefois, 1,5 millions d’euros d’appel à projets ont été débloqués pour soutenir les structures qui soutiennent la campagne « femmes-ruralités » lancée par les CIDFF. L’Association des maires ruraux de France développe aussi un réseau des « élus ruraux relais de l’égalité » dont le but est de mieux accompagner les femmes victimes de violences et de les sensibiliser à leurs droits.

Ce que dit aussi Yaëlle Amsellem Mainguy dans ses travaux, c'est la variété des vies et des destins, en fonction des régions, des générations, du climat, de la géographie des lieux, de la proximité avec un bourg ou pas. Il est difficile d’écrire sur une réalité que l’on connaît peu ou mal. La mobilité dont nous faisons toutes et tous preuves est parfois inversement proportionnelle à l’immuabilité des récits qui entourent nos vies et nos espaces. On ne choisit pas où l’on naît et à la campagne, comme à la ville chacun peut mesurer le poids des déterminismes sociaux.

Il y a fort à parier qu’à la campagne comme ailleurs, les femmes ont trouvé des moyens de contourner les limites qui leurs sont imposées. Encore faut-il qu’on le voit, qu’on le reconnaisse, qu’on le rétribue à sa juste valeur et surtout que cela se traduise par du politique.

Féminisme bio

Les femmes agricultrices sont les grandes oubliées des imaginaires, des médias, politiques ou organisation lorsque l’on parle du monde rural. Par exemple, on parle de grève des agriculteurs ou des paysans, avec l’image d’homme à moustache sur leur tracteur, jamais de la paysanne dont le labeur n’est reconnu que depuis peu comme une profession à part entière. Pourtant, les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale ; en France, un agriculteur sur quatre est une agricultrice.

Les femmes ne sont pas des agriculteurs comme les autres. Elles jouent aujourd’hui un rôle prépondérant dans la transformation du monde agricole et de l’agriculture, notamment l’intégration dans la bio dans les exploitations. En 2017, la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (FNAB), avec le soutien de l’Agence bio, a fait une enquête auprès des femmes agricultrices. Il en ressort qu’elles sont souvent à l’initiative du passage en bio dans les fermes, à la fois parce qu’elles sont très sensibles à la santé de leur famille mais aussi sensibles aux enjeux environnementaux. Par ailleurs ce sont majoritairement elles qui assurent le travail administratif et comptable des fermes et sont donc au fait de la situation économique des fermes. Enfin, ce sont souvent les femmes qui sont créatrices de nouveaux ateliers sur la ferme, notamment pour recréer plus de lien avec les consommateurs·trices et leur expliquer ce qu’est l’agriculture biologique. Elles jouent donc un rôle important dans l’essor de l’agriculture bio, dans la recherche de nouvelles façons de travailler ou de commercialiser les produits.

Aussi, les femmes ont une action forte sur la gestion des terres et des ressources naturelles, le renforcement des capacités d'adaptation face aux changements climatiques et les luttes contre les monstres de l’agro-chimie.  C’est notamment une femme qui est considérée comme la plus grande défenseuse de ces mouvements.

Vandana Shiva est connue des néo-féministes occidentales comme une des fondatrices de l’écoféminisme. Mais il ne faut pas oublier d’où vient son combat : du monde rural. Au début des années 70, Vandana Shiva, à peine âgée de 21 ans, rejoint sa mère agricultrice dans le mouvement féministe Chipko qui lutte contre l'exploitation forestière commerciale dans sa région d’Uttarachal située au nord de l'Inde. En 1991, Vandana Shiva a créé l'une des premières banques de semences communautaires en Inde. Aujourd'hui, avec plus de 150 centres agricoles locaux répartis dans 22 États, qui stockent et cultivent des espèces végétales indigènes, Shiva est considérée comme le « Gandhi des céréales ».

Ce travail a conduit à la création de Navdanya, un mouvement visant à protéger les semences indigènes en Inde tout en favorisant les moyens de subsistance dans le cadre d'une agriculture régénératrice d’agro-foresterie et bio. Navdanya, qui signifie « Neuf graines » ou « Nouveau don », est centré sur les femmes et dirigé par des agriculteurs·trices, qui apprennent à cultiver des plantes régionales et ancestrales ainsi que des aliments résistants au climat. À ce jour, 2 millions agriculteurs·trices se sont convertis à l'agriculture biologique dans différentes régions de l’Inde, et l'initiative s'est étendue à 150 banques de semences communautaires.

Aujourd'hui, Vandana Shiva continue de se battre pour la conservation de la biodiversité et la liberté des semences, ou le rejet des brevets des entreprises sur les espèces végétales. C’est une fervente opposée aux OGM et à Monsanto. Elle lutta également Coca-Cola en 2004, qui devra fermer une usine devant la mobilisation orchestrée par la militante face à la privatisation de l’eau et à l’épuisement des nappes phréatiques. Le vaste champ d’action de  Shiva illustre aussi parfaitement pourquoi les femmes sont essentielles à la résolution de la crise climatique. L'agriculture régénératrice, les énergies renouvelables et la conservation des écosystèmes sont les trois piliers de l'action qui peuvent limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5°C.

« Tendre l’oreille c’est déjà leur permettre d’agir » : la situation des femmes rurales au Sénégal

Codou Loum est journaliste et présidente du RIF, vice présidente de l’Association des femmes journalistes au Sénégal. Elle connaît bien le sujet des femmes qui vivent dans le monde rural et a accepté de parler à Popol de leur situation. Son constat est clair : elles n’accèdent pas à tout, la volonté politique de changement est quasi inexistante, mais la donne évolue grâce à la sensibilisation à leurs droits.

Quelles sont les barrières auxquelles les femmes du monde rural sont confrontées ?

D’abord, elles n’accèdent pas à la terre. Je l’ai constaté dès 2011 dans le cadre de mon enquête sur l’accès au foncier. La plupart des femmes appartenant au monde rural ne peuvent pas posséder les terres qu’elles cultivent. Quand elles disposent de terre, elles n’ont pas beaucoup de moyens – voire aucun – de les cultiver et pour celles qui peuvent la cultiver, elles n’ont pas les moyens de les transporter, de les transformer ou de les commercialiser.

Les barrières sont culturelles, sociales, politiques et religieuses. La terre est une richesse et chez nous, la richesse c’est pour les hommes. Quand vous êtes femme, vous vous mariez et vous partez dans une autre famille car l’héritage ne prévoit rien pour vous.

Quand elles souhaitent poursuivre leurs études, il est très difficile pour les jeunes femmes d’accéder à l’Université ; elles doivent migrer vers les villes, où elles font face à une kyrielle de difficultés - le logement, le transport, l’intégration etc.

Quelles sont leurs aspirations malgré ces barrières ?

Les jeunes femmes du monde rural souhaitent s’émanciper et accéder aux éléments les plus basiques. Prenons Internet par exemple ; elles ont le monde à portée de main, mais il reste encore inaccessible par manque de moyens et de réseau. Bien souvent, elles sont confinées à balayer, faire le ménage, aider leurs mères et il est très difficile de continuer des études et d’apprendre.

Pourtant, quant à 12 ans on leur demande ce qu’elles veulent faire, ces jeunes femmes nous disent « j’ai envie de devenir médecin, députée, professeure… mais j’ai peur d’être mariée jeune ». Elles savent déjà qu’il sera très difficile de poursuivre leur rêve d’étudier.

Comment expliquer cela ?

C’est un fait : les jeunes filles du monde rural sont plus exposées au mariage précoce.

Quand les jeunes femmes qui vivent dans le monde rural atteignent un certain niveau, pour aller au collège par exemple, elles posent problème. Les collectivités ne mettent pas de bus à disposition de ces élèves ; en ce qui concerne le logement, on ne peut pas les mêler aux jeunes hommes qui vont étudier en les mettant dans les mêmes chambres. L’environnement ne leur est donc pas favorable. Certains parents doivent les confier à d’autres parents et en réalité, les adolescentes sont mariées très tôt par manque de moyens et l’État les oublie.

Est-ce que cela change ?

Dans le monde urbain, les jeunes femmes sont plus averties et agissent en conséquence. Les jeunes femmes du monde rural tentent de les copier. Par exemple, elles travaillent dans le monde domestique urbain pendant les vacances (babysitter, petit commerce, ménage etc.), ce qui contribue à leur émancipation.

Beaucoup d’organisations défendant les droits des femmes, leur donnent la parole et contribuent à leur conscientisation et à leur autonomisation. Plus les femmes sont averties, plus elles arrivent à s’imposer. Aujourd’hui, avec l’avènement des réseaux sociaux, les femmes du monde rural arrivent à accéder à des femmes d’autres mondes qui portent des combats et qui les gagnent. Elles cherchent à copier leurs bonnes pratiques, à se libérer, notamment en ce qui concerne les violences basées sur le genre. Elles accèdent également plus aux médias et nous, femmes de médias, sommes également plus sensibles au fait de leur tendre le micro pour valoriser leurs actions, même traditionnelles, et les informer. La donne est en train de changer et tendre l’oreille, c’est déjà leur permettre d’agir.

Propos recueillis par Clothilde Le Coz

À lire

Il est où le patron ? Chroniques de paysannes, Maud Bénézit et Les Paysannes en polaire, Marabout

De jeunes paysannes combatives et passionnées gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole. On leur demande souvent : il est où le patron ? Au fil d’une saison agricole, dans un petit village de moyenne montagne, trois femmes paysannes, voisines de marché, se rencontrent, s’entraident et se lient d’amitié. Elles ont des parcours de vie différents : Jo vient de terminer ses études et s’installe tout juste pour reprendre une ferme caprine. Il y a cinq ans, Anouk a quitté la ville où elle habitait pour emménager à la campagne, depuis, elle est apicultrice. Coline, mariée deux enfants, est originaire du village. Elle a repris il y a dix ans la ferme et les brebis laitières de ses parents. Toutes trois sont confrontées au sexisme ambiant. En les suivant dans la pratique de leur métier, on accompagne leur cheminement quotidien sur les questions féministes et aussi sur la difficulté de la vie agricole. En partageant leurs expériences, ces femmes se donnent la force de faire entendre une autre voie que celle du patriarcat. (Descriptif Marabout, 2021).

Péquenaude, Juliette Rousseau, Cambourakis

À l’examen il y a les mots : péquenaud, plouc, beauf, cul-terreux. Campagnard. Je remarque : même dans les insultes, je n’existe pas. Mais en les féminisant, je glisse une première pierre à l’édifice du retour. Péquenaude. Un vent chaud dans les troènes, une haleine de stabule. Il faut savoir de quelle rugosité on émerge, pour en sentir le goût en bouche.

Après le succès de La Vie têtue, Juliette Rousseau continue de creuser les liens entre corps et territoire. Depuis la campagne agro-industrielle où elle vit, elle interroge la ruralité, les questions de classe et de genre, l’industrialisation, la relation au vivant, l’enfance, les traditions, la transmission… Dans une langue puissante et bouleversante, elle explore ce que signifie habiter une terre abîmée. (Descriptif Cambourakis, 2024).

À écouter

Les filles du village, Arte Radio

Sarah, Aurore, Inès et Érine ont entre 16 et 18 ans. Elles ont grandi au cœur des montagnes vosgiennes, dans des villages ou des toutes petites villes. La semaine, elles vivent en internat, pour suivre les cours en alternance à la Maison Familiale et Rurale de Saint Dié. Toutes se destinent à travailler dans les métiers du soin à la personne. Elles racontent ce que ça veut dire, de grandir et de vivre en milieu rural. Quel rapport au territoire, à la famille, aux ami.e.s, aux loisirs ? Quelles difficultés rencontrent-elles ? Quels rêves poursuivent-elles ?




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