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Créée et écrite par Léa Chamboncel, Camille Dumat, Clothilde Le Coz et Amandine Richaud-Crambes, cette newsletter bimensuelle vous propose un regard féministe sur la politique !

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Par Popol Media
17 oct. · 10 mn à lire
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Un pays pas si attractif, VSS contre les enfants et décompte de l'UNICEF, femmes en exil, séparer l'homme de l'écolo...

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Non Monsieur Retailleau, la France n’est pas un pays attractif…

Bruno Retailleau a récemment dit qu’il souhaitait que la France soit “un pays moins attractif” pour les personnes migrantes. Mais de quoi parle-t-on ? Quel est ce “pays attractif” ? Ce “pays attractif” c’est ce pays où des femmes, des hommes, des enfants sont harcelé·es au quotidien par la police. C’est ce pays où des femmes, des hommes et des enfants meurent quotidiennement dans les mers dans lesquelles nous nous baignons chaque été. Ce “pays attractif”, c’est aussi celui où l’extrême droite murmure à l’oreille de l’exécutif, à tel point que le ministre de l’Intérieur est en devenu le porte-parole au sein d’un gouvernement qui s’autoproclame “d’union nationale”. 

Depuis des décennies, nos responsables politiques stigmatisent les non nationaux et refusent de faire face à leurs obligations internationales, aux conséquences de leurs agissements, sans parler de leur “devoir d’humanité” auquel iels font référence de manière totalement hypocrite. Du “On ne peut pas accueillir toute la misère du monde” lancé par un Michel Rocard sur un plateau télévision à une heure de grande audience, à un “qu’ils rentrent chez eux” régulièrement scandé par des député·es RN, voici la réalité de notre classe politique. Ajoutons à ça : un ministre de l’Intérieur qui est en train de préparer un projet de loi qui prévoit de durcir les textes pour faciliter les expulsions et une Union européenne qui refuse de coopérer pour apporter une réponse satisfaisante en matière d’accueil et vous avez tous les ingrédients pour une “politique migratoire” que l’on pourrait qualifier d’inhumaine. 

À la veille de l’examen d’un énième projet de loi dit “immigration”, il y en a eu près d’une douzaine de lois votées sur ce sujet depuis 2003, nous devons nous poser les vraies questions : pourquoi notre classe politique est aussi rétive à l’accueil des nouveaux et nouvelles arrivantes ? Quel est le rôle des médias dans cette impasse ? Que faire pour aider les associations ? Quels seraient les contours d’une politique migratoire juste qui assure la sécurité de toutes et tous ? Que faire pour éviter la mort de milliers de personnes chaque année ? 

Il est urgent de recentrer le débat sur l’essentiel : sauver des vies et permettre à celleux qui le souhaitent d’accéder à une vie meilleure. Car nous le savons, le flux de personnes en situation de déplacement n’est pas près de se tarir et il nous revient de leur réserver un accueil digne. Il apparaît également essentiel de sortir de la stigmatisation constante des personnes en exil et il faut, pour se faire, contrecarrer le discours dominant qui ne repose sur aucun fait tangible. Mais il faut aussi s’assurer que les responsables politiques cessent de faire des personnes en situation de migration des boucs-émissaires, leur permettant ainsi de camoufler les échecs de leurs actions. À ce sujet, la responsabilité des médias est centrale car il n’est pas possible de laisser des personnalités politiques en totale roue libre xénophobe sans les interrompre ou fact checker leur propos. Typiquement, il ne faut pas hésiter à rappeler à Bruno Retailleau que chaque année de nombreuses personnes, femmes et enfants compris, sont violenté·es par les services de police lorsque celui-ci affirme que l’on vit dans un “pays attractif”... 


“C’est un métier dur que l’exil”

Alors que le gouvernement Barnier se lance dans un énième projet de loi immigration dont on sait qu’il sera extrêmement restrictif, alors que les violences au Proche-Orient jettent sur les routes de l’exil des milliers, voire des millions, d’enfants et de femmes avec pour certaines des situations de double ou de triple exils, il nous a semblé important de revenir sur la situation des femmes en des enfants en situation de déplacement. Ce que cela signifie de devoir quitter sa vie, son pays, sa famille du jour au lendemain avec nul part où aller. 

Selon ONU femmes, les femmes représentent près de la moitié des 244 millions de personnes en situation de migrations et la moitié des 19,6 millions de réfugié·es. Pourtant, leur parcours reste encore beaucoup trop invisible, alors même qu’elles sont soumises à une double violence, xénophobe parce qu’elles sont étrangères et sexiste parce qu’elles sont femmes. Dans leurs pays d’origine, durant le voyage et à l’arrivée, elles sont victimes de discriminations, de violences et de systèmes d’exploitation qu’il est encore très difficile de prévenir. 

Pendant longtemps, on a pensé la migration d’un point de vue exclusivement masculin. Dans l’imaginaire collectif, le réfugié est un homme jeune, fuyant les violences de la guerre ou une situation économique difficile. La migration des femmes est perçue comme relevant d’un regroupement familial : la femme suit son mari, parfois avec des enfants. L’accueil des réfugiées ukrainiennes a mis en évidence un phénomène pourtant déjà bien amorcé, celui d’une migration de femmes jeunes, souvent seules. Les violences auxquelles sont confrontées les femmes en situation de migration et les besoins spécifiques à mettre en place commencent seulement à se faire jour.

Les violences liées au genre débutent parfois dès les pays d’origine : mutilations sexuelles, exploitations sexuelles, mariages forcés, crimes de guerre, discriminations liées à l’orientation sexuelle sont souvent des déclencheurs de départ. Les violences de genre sont encore peu évidentes à faire valoir dans les demandes d’asile. La loi relative au droit d’asile de juillet 2015 prévoit pourtant que les discriminations liées au genre et à l’orientation sexuelle sont prises en considération. Même si la convention de Genève ne prend pas en compte l’orientation sexuelle comme motif de droit d’asile, les personnes LGBTQIA+ sont considérées comme un “groupe social”. Des personnes LGBTQIA+ du Ghana, de République démocratique du Congo, de Syrie et du Daghestan, notamment, ont ainsi pu obtenir le droit d’asile. Les mutilations sexuelles peuvent être aussi considérées comme des motifs de droit d'asile pour les petites filles et leur famille. Le mariage forcé reste lui difficile à prouver et n’aboutit que rarement à une réponse positive. En France, grâce notamment à la Cimade, les femmes victimes de traite sexuelle bénéficient d’une protection internationale. Quelques femmes ont pu ainsi obtenir le droit d’asile. La situation reste malgré tout catastrophique pour ces femmes. Les demandeuses d’asile rechignent souvent à dénoncer les violences dont elles sont victimes et doivent aussi affronter la suspicion d’une administration peu encline à reconnaître ces violences. 

Si l’on manque encore de données précises sur les particularités de la migration au féminin, une chose demeure évidente : l’omniprésence des violences sur la route de la migration (harcèlement, viols, traite, etc.). Pour les femmes qui n’ont pas les ressources nécessaires afin de financer leur voyage, les passeurs n’hésitent pas à les violer. Certaines femmes en situations de migrations venues d’Afrique et transitant par la Libye, racontent qu’avant leur départ elles prennent la pilule contraceptive afin d’éviter les grossesses liées à ces viols. Ces violences sont également régulières dans les camps de transit. Les femmes n’y ont pas d’espace à elles, pas de salles de bains dédiées, la promiscuité est importante et il n’y a pas de lumières la nuit. En 2014, dans le camp grec de Nea Kavala, les femmes yézidies ont constitué un “cercle de protection” afin de se protéger des violences sexuelles et du harcèlement. Les femmes sont aussi plus dépendantes de leur famille et de leur entourage. Comment dans ces conditions dénoncer des violences domestiques ? La confrontation avec les autorités, les polices des frontières et les personnel·les des centres de rétention, est aussi source de violence et de rapport de domination.

Depuis le 7 octobre 2023, l’offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait plus de 1,9 millions de déplacés dans un minuscule territoire. La grande majorité sont des femmes et des enfants qui subissent la double peine de l’errance et de la nécessité de trouver de quoi se soigner et se nourrir. L’ONU a alerté plusieurs fois sur le sort des femmes enceintes et allaitantes. Les chiffres à date du mois de mai 2024 faisaient état de 50 000 femmes enceintes et 20 000 nouveau-nés privé·es de soins. Plus de 183 femmes accouchent chaque jour sans traitement contre la douleur et le taux de fausse-couche a augmenté de plus de 300%.  On estime à 690 000 le nombre de femmes et de jeunes filles privées de produits d’hygiène menstruelle. 

Depuis le 30 septembre 2024, l’offensive israélienne au Sud du Liban a jeté sur les routes plus de 1 millions de personnes dans un territoire déjà exsangue. Là aussi, les femmes sont aux premières loges. 

L’amplification des conflits, la multiplication des catastrophes écologiques laissent à penser que les flux migratoires ne cesseront d’augmenter et avec lui notre obligation de protection à l’égard des plus vulnérables. Il est urgent de mieux connaître et identifier les violences et les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes en exil. Il est urgent de repenser notre rapport aux frontières et de créer des conditions de déplacement sûres pour que toute personne victime de violences puisse bénéficier de la protection à laquelle chaque être humain a droit.  

“C’est un métier dur que l’exil”, citation de Nazim Hikmet

VSS chez les enfants : une première mondiale pour espérer le changement

Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pouvez pas l'améliorer. La semaine dernière, l’Unicef a publié ses toutes premières estimations mondiales relatives aux violences sexuelles envers les enfants. Près de 90 millions de garçons et de filles vivant aujourd'hui ont subi des violences sexuelles. Plus d'un milliard de femmes et d'hommes ont subi de telles violences dans leur enfance. (voir la définition des violences sexuelles selon l’Unicef).

D’où viennent ces chiffres ?

Les estimations publiées ont été établies à partir de la base de données publiée chaque année notamment par le groupe de la Banque Mondiale. Le plus grand nombre de victimes de viols et d'agressions sexuelles se trouve dans certaines des régions les plus peuplées, à savoir l'Afrique subsaharienne, l'Asie de l'Est et du Sud-Est, et l'Asie centrale et méridionale.

D’après les données recueillies, la plupart des violences sexuelles interviennent au cours de l’adolescence (particulièrement entre 14 et 17 ans). Les filles et les femmes sont davantage touchées, mais les données montrent que les garçons et les hommes sont également concernés (1 sur 11). Et ces données le confirment : les agresseurs sont en général dans le premier cercle des connaissances. De manière générale, les femmes de 18 à 24 ans sont victimes de leur partenaire intime et les jeunes hommes d’un ami ou d’un camarade de classe. Les agresseurs étrangers au cercle proche représentent 14 % des cas chez les femmes et 5 % chez les hommes.

Au niveau mondial, seule la moitié des pays recensés dans l’étude disposaient d'une source de données identifiée sur la violence sexuelle contre les filles (notamment en Afrique subsaharienne, Europe et Amérique du Nord).

Les chiffres que l’on ne trouve pas

Il n’existe pas de normes internationales pour classifier la violence contre les enfants. Les données lacunaires ou celles que l’on ne trouve pas sont en fait révélatrices des priorités des gouvernements en la matière. Par exemple, de nombreux pays ne disposent toujours pas de données de base, montrant que la violence sexuelle à l'égard des enfants n’est toujours pas une priorité.

Parmi les données que l’Unicef n’a pas pu recenser : les cas concernant les garçons et les formes de violence sans contact physique, le nombre probablement important d'enfants qui ne peuvent ou ne veulent pas signaler leur situation à la police, ce qui rend difficile d’appréhender l’ampleur réelle des violences sexuelles commises contre les enfants.

Parmi les raisons qui font que ces données sont parfois sous déclarées, on compte les normes sociales et la stigmatisation de la violence sexuelle, la gêne ressentie lors d’une interview de la part de la personne qui pose les questions ou celle qui les reçoit, les inquiétudes quant à la sécurité, en particulier lorsque l'auteur des violences est connu ou même présent au sein de la famille reste difficile à exprimer.

Même lorsque les victimes révèlent des expériences passées, beaucoup ne peuvent (ou ne veulent pas) indiquer l'âge exact auquel la violence sexuelle a eu lieu pour la première fois.

Tout cela peut affecter de manière significative les niveaux de prévalence rapportés.

La loi du silence reste dominante

Quel que soit le type de violence sexuelle subie ou les circonstances qui l'entourent, cette étude montre invariablement que la plupart des enfants retardent la révélation de ces agressions, parfois pendant de longues périodes, ou gardent le secret et n'en parlent jamais à personne.

En moyenne, sur ces 10 dernières années, environ 70 % des jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans ayant subi une agression sexuelle dans leur enfance ont déclaré n'en avoir jamais parlé à personne. Une sur 10 a parlé, mais n'a pas demandé d'aide et 2 sur 10 ont cherché de l'aide.

Lorsque les victimes cherchent de l'aide, la plupart d'entre elles se tournent vers des personnes qu'elles connaissent personnellement, et très peu d'entre elles recherchent un soutien formel. Ainsi, 1 % des jeunes femmes qui ont subi des violences sexuelles dans l'enfance ont demandé une aide professionnelle.

C’est encore plus faible pour les garçons. Certaines études suggèrent qu’ils sont encore moins susceptibles de signaler leurs agressions que les filles pour diverses raisons, notamment la crainte d'être considérés comme vulnérables ou sans défense.

Alors, cette « libération » de la parole des enfants, ça avance comment ?

Séparer l’homme de l’écolo

Depuis plusieurs semaines, le nom de Paul Watson s’invite dans toutes les conversations, écologistes et au-delà, avec un narratif policé : le capitaine sauveur de baleines est en prison. Le 21 juillet 2024, le capitaine Watson est arrêté par les autorités danoises et il est depuis incarcéré.

Pour rappel, Paul Watson, fondateur de l’organisation Sea Shepherd, sillonne les océans depuis la fin des années 70 afin de dénoncer la chasse et le massacre des cétacés. Il a visibilisé cette lutte en employant des méthodes d’action engagées voire violentes. En effet, ses faits d’armes ont fait le tour du monde à l’occasion d’attaques de chalutiers, entraînant leur naufrage, parfois morbides. Les condamnations pénales à l’encontre du « pirate » de Sea Shepherd s’accumulent depuis les années 90 et un mandat d’arrêt international est émis en 2012 par Interpol. 

Il est inacceptable que les gouvernements considèrent de plus en plus les défenseur·es et la défense de l’environnement, au mieux comme une nuisance, au pire comme une menace, et répondent au militantisme légitime par des représailles. Dans plusieurs pays, défendre l’environnement ou dénoncer les effets du changement climatique peut coûter très cher, voire au prix de sa vie. Popol Média a toujours soutenu cette position et l’a documentée dans plusieurs articles. Cependant, il impossible de ne pas critiquer le traitement médiatique général de cette arrestation sans déconstruire la problématique de l’incarnation de « l’homme providentiel » d’un mouvement et occulter la face cachée de l’histoire où le racisme et le sexisme sont omniprésents.  

Dès 1977, Watson est poussé vers la sortie par Greenpeace qui le dépeint en opportuniste extrémiste. C’est à la suite de cette séparation qu’il fondera Sea Shepherd et en sera l’ADN pendant plus de 40 ans. Mais en 2022, les sorties de route incessantes de Watson auront raison de son rôle dans l’organisation qu’il a créé.

Les faits qui lui sont reprochés sont nombreux mais vont bien au-delà de sa personnalité ou son goût pour la provoc. C’est ses accointances avec des personnalités d’extrême-droite, ses idées eugénistes ou encore sa vision sexiste de la femme qu’il faut mettre en lumière.

Dave Foreman, environnementaliste américain, co-fondateur de l’organisation écologiste Earth First, républicain et malthusien convaincu, fut le mentor et proche de Watson jusqu’à sa mort en 2022. La thèse de Malthus était que la population humaine croissant plus vite que les ressources naturelles, sauver l’humanité passait par en limiter la croissance et préconisait donc que les pauvres devaient cesser de se reproduire. Dans les mains de Foreman, le combat théorique contre la surpopulation se mue dans la pratique en un combat contre l’immigration, surtout aux Etats-Unis. Les deux hommes collaborent au livre Life on the Brink : Environmentalists confront overpopulation ; Watson y développe sa thèse malthusienne et sa « solution humaine » de n’autoriser la reproduction « qu’aux personnes pouvant prouver leur capacité à subvenir financièrement et pédagogiquement aux besoins de leur progéniture » voir à avoir recours à « la stérilisation forcée pour certain·es ».

Dans de nombreuses interviews, Paul Watson se qualifie d’ailleurs de « conservative conservationnist ». Un jeu de mot entre le conservatisme au sens de réactionnaire qui se dit conservatism et l’écologie qui se dit conservation. Il justifie cette expression par le fait qu’il n’y a rien de plus conservateur que de vouloir conserver la nature. Mais ce conservatisme s’exprime aussi par la promotion d’un mode hygiéniste où on choisirait certaines personnes qui auraient le droit de faire des enfants ou pas.

Cette vision de la défense de la nature ou l’environnement au détriment de toute vision humaniste se retrouve aussi chez des personnalités proches de l’extrême droite comme Brigitte Bardot ou plus naïvement Hugo Clément. La première par le biais de sa fondation a en grande partie financé l’acquisition d’un trimaran high tech, ancien détenteur du record de vitesse du tour du monde, qui sera rebaptisé en son nom. Le second par son soutien indéfectible au Capitaine mais aussi par son engagement permanent à dédiaboliser le FN en participant à ses conférences ou félicitant les frontistes parlant d’écologie.

Côté sexisme, Paul Watson n’est pas en reste. En 2016, Libération titrait son portrait du militant « Barbe Bleue », du fait de ses multiples mariages et de son goût pour le corps féminin à fort décolleté et sexualisé qu’il a mis à plusieurs reprises en proue de ses bateaux.

Sea Shepherd utilise d’ailleurs fréquemment une image sexiste des femmes dans sa communication. Lors de l’Ocean Fest 2024, Paul Watson met en avant que « les jolies femmes » ont toujours fait avancer plus vite les mouvements, propos sexistes sous une assemblée rieuse et complaisante. Nicolas Hulot, qui l’accueilli souvent chez lui en Bretagne et en Corse, dira de son ami qu’il « entrera incontestablement au panthéon des héros de l’écologie ». Il parait qu’il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations, mais…

Ces faits exposés n’ont rien de révélations. Ils sont connus et reconnus, documentés et enregistrés par les micros. Pourtant, jamais cela n’est évoqué dans les articles de ces derniers mois. Paul Watson est érigé comme héros des temps modernes, mais ses idées d’un autre monde sont passées sous silence. Et on voit alors le deux poids, deux mesures et la limite de l’incarnation. Beaucoup diront que sa notoriété et son engagement sont bénéfiques pour l’environnement et qu’on ne peut pas tout mélanger. Mais qu’en est-il de cet argument si on fait la comparaison avec les récentes révélations sur l’Abbé Pierre ? Ou étaient les chansons de Florent Pagny et Cali lorsque les militant·es écologistes des Soulèvements de la Terre ont été interpellé·es et incarcéré·es, le mouvement menacé de dissolution ? Comment Macron peut d’un côté défendre Paul Watson, adepte de méthodes radicales. De l’autre, criminaliser les activistes de Sainte-Soline ?

Dans la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement, comme dans les luttes contre les VSS ou tout simplement la politique, il y a une nécessité de cohérence du traitement et de sortir de l’incarnation pour se concentrer sur le fond, plutôt que de défendre de faux héros.


À voir  

Ma vie, ma gueule, de Sophie Fillières

Au départ le scénario est  assez classique, voir cliché : une quinqua au bord de la crise de nerf qui trouve le salut dans la Landes écossaise. Mais c’est sans compter sur le talent d’Agnès Jaoui et la fantaisie de Sophie Fillières qui s’attaquent toutes deux à un sujet pas si drôle en somme : la dépression et les troubles mentaux pour en faire un film terriblement émouvant qui n’élude rien de la violence des problèmes de santé mentale, de la difficulté parfois à faire famille, etc.

Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof

Un film indispensable alors que les femmes afghanes et iraniennes s’affrontent au pire de la violence patriarcale. Un juge d’instruction iranien se retrouve plongé au cœur d’un mouvement révolutionnaire anti-système, bien que affligé par l’absurdité des consignes données par le gouvernement, il décide de s’y plier. Sauf que ses deux filles, elles, soutiennent la révolution… Saga familiale au coeur de la révolution qui a suivi la mort de Mahsa Amini et le mouvement féministe Femme, Vie, Liberté, Les graines du figuier sauvage est un film magnifique, presque insoutenable dans ce qu’il montre de la condition des femmes en Iran. 

À faire 

Girls Don’t Cry Festival, Toulouse, du 22 au 24 novembre  

Le festival le plus joyeux et de l’automne prendra ses quartiers à la Cabane du 22 au 24 novembre 2024. Un déménagement comme une nouvelle aventure, l’envie d’explorer ce nouveau lieu tout chaud sorti de terre, de s’y blottir et d’y faire notre nid. La programmation fait la part belle à la musique live et aux sonorités rares. Explorant un large spectre des musiques électroniques, elle vous fera voyager entre des propositions douces et survoltées, pop et expérimentales.

Cette année encore, le Girls Don’t Cry Festival arrive comme la promesse d’un espace hors des tourments pour se serrer fort dans les bras, se célébrer, danser à l’infini, se laisser surprendre et s’émouvoir. Pour relâcher une à une les tensions mises dans les corps et les esprits par les multitudes d’attaques subies par les communautés minorisées. Plus d’info ici